Le comité scientifique ouvre le débat de l’après-crise

Le comité scientifique ouvre le débat de l’après-crise

Comité scientifique crise

Le 18 mai 2020, les membres du comité scientifique Les 3 Sphères se sont réunis pour une première séance de travail dédiée à l’après-crise de la Covid-19. L’occasion de mettre en lumière le basculement des modèles médicaux, économiques et sociétaux face aux mesures sanitaires et de dresser un premier bilan sur les perspectives de transformations numériques du monde de la santé.

 A l’occasion du premier symposium dédié à la e-santé organisé par Docaposte en novembre 2019, avait été annoncée la création du comité scientifique éponyme, véritable instance de réflexion en matière d’e-santé. Pour leur première réunion de travail, des membres de ce  comité scientifique se sont rassemblés en ligne afin d’apporter leurs témoignages et retours d’expérience concrets sur la crise et de croiser leurs regards sur la conjoncture particulière. Lors de cette  web-conférence, 10 professionnels de la santé, professeurs, docteurs, spécialistes et sociologues ont exprimé leur point de vue et distingué les tendances numériques, comportementales et économiques qui s’annoncent. En préambule, David de Amorim, Directeur Adjoint e-santé de Docaposte, a rappelé les enjeux de l’évènement : « Avec Les 3 Sphères, construire la e-santé de demain est notre ambition première et participer au déploiement de solutions numériques adéquates pour les patients et les professionnels de santé est une priorité. La crise a révélé l’urgence de faire progresser certains dispositifs déjà existants et d’accélérer l’émergence de nouvelles solutions ».

Télémédecine et accélération de la digitalisation

C’est avec la présentation du site d’information et d’orientation gratuit MaladieCoronavirus.fr développé par Docaposte et les partenaires de L’Alliance Digitale contre la Covid-19, que la conférence a démarré. Dr Fabrice Denis, oncologue et co-fondateur du site d’autoévaluation a expliqué les étapes de développement de cette initiative d’intérêt public dont les données non nominatives et sécurisées auront permis d’élaborer des publications scientifiques sur l’évolution de l’épidémie. Avec près de 9 millions de connexions, cet outil a permis de contribuer significativement à désengorger les services d’urgence et d’observer à l’échelle nationale les progressions géographiques des symptômes en temps réel. Il offre ainsi à la recherche un modèle expérimental incontournable.

Ensuite, les docteurs Ludovic Moy, obstétricien, et Fabien Guez, cardiologue, ont donné leurs témoignages opérationnels sur l’évolution de leur activité pendant la durée du confinement et dévoilé comment ils ont suivi leur patientèle et avec quels outils. Souvent évitée par les plus conservateurs, la téléconsultation s’est soudainement révélée indispensable. Bien qu’elle présente quelques limites, ses bénéfices promettent d’annoncer une évidente accélération de la télémédecine. Pour le Dr. Alain Toledano, oncologue et Président de l’Institut Rafael, la crise a eu des impacts importants sur ses patients atteints du cancer et a révélé de manière encore plus évidente l’importance de développer une médecine globale et holistique, sans exclure l’emploi de nouveaux dispositifs numériques permettant de resserrer les liens entre patients et soignants.

Gestion de crise d’un point de vue sociétal, économique et politique

La pandémie qui s’est abattue sur la population a révélé des inégalités sociales, familiales et financières, et ce, de manière encore plus marquée pour les seniors, pour qui s’ajoutent parfois une grande dépendance et une vulnérabilité certaine. Le Pr. Jean Pierre-Michel, Professeur émérite de la Faculté de Médecine de Genève, membre de l’Académie de Médecine, a soulevé des questions d’éthique et listé les conséquences de la crise sur l’alimentation, l’état psychique ou encore l’accès aux soins des personnes âgées. Il a rappelé cependant les initiatives mises en place, comme celle de Serge Guérin, sociologue, qui a convoqué les Etats Généraux de la Seniorisation dans le but de mobiliser les citoyens et créer une société plus égalitaire entre les différentes générations.

Gilles Duhamel, ancien inspecteur général des Affaires Sociales, directeur de la Chaire Santé de Sciences Po, a partagé ses observations sur la crise et  sa gestion. Il a évoqué la place de l’hôpital sur le territoire, les synergies opérationnelles qui se sont créées, les nouvelles jonctions entre le privé et le public et comment les institutions traditionnelles ont dû composer avec les nouveaux acteurs. Il a également mis en lumière l’autonomisation des patients et le nouveau sens de responsabilisation individuelle et collective qui s’est imposé à tous :

La crise a posé une nouvelle équation écologique, économique, politique et médicale.

L’intervention de Daniel Benamouzig, sociologue et Directeur de recherche au CNRS Science Po, a permis de mettre en exergue les aspects parfois complexes et sensibles des décisions qu’il a été amené à prendre avec le conseil scientifique du gouvernement dont il est membre. Il a ainsi souligné  la multiplicité des instances et des institutions impliquées dans la gestion de la crise.  Ce conseil a  permis de faire le lien entre les différents acteurs et d’assurer stabilité et cohérence.

De nouveaux modèles économiques nécessaires au déploiement du numérique en santé

Pour Régis Sénégou, Responsable du marché e-Santé chez Docaposte, les évolutions numériques ne vont pas sans la création de nouveaux modèles économiques. La crise impose d’accélérer la réconciliation des sphères médicales, médico-sociales et familiales en confiance. Pour cela, il parait essentiel et prioritaire, selon lui, savoir se projeter en termes d’usages et d’éthique.

Du côté de Bpifrance, qui prend en charge les tissus innovations en santé, la crise a freiné quelques dossiers, mais elle a aussi permis dans l’urgence de lever les verrous de certaines avancées. Les réflexions et décisions se sont posées autrement : en tant qu’investisseurs ils ont dû procéder en  frontières fermées et Bpifrance a principalement capitalisé sur les investissements liés aux téléconsultations et à la psychiatrie. Comme l’a souligné Chahra Louafi, Directrice du Fonds Patient Autonome de Bpifrance, la digitalisation s’est révélée  prioritaire pour les services publics de la santé car il y a un besoin criant d’outils pour accompagner le patient. Elle a rappelé que «  l’innovation va de pair avec l’évolution de la société, mais elle doit accompagner l’homme et non le contraindre,».

Appréciée de tous, cette web-conférence aura été l’occasion de mettre en relief les axes de réflexion liés à la crise sanitaire, et de réaffirmer le rôle réconciliateur et fédérateur de Docaposte auprès des professionnels de la santé.
De nouveaux workshops se tiendront prochainement.

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